Les joueurs de l’équipe de France ont réalisé le match parfait mercredi, contre la Dream Team espagnole. Le tout sous les ordres d’un Vincent Collet impérial sur son banc. C’est un exploit. Le plus grand de l’histoire du basket français.
Il n’y a pas assez de superlatifs pour décrire ce qui s’est déroulé à Madrid mercredi soir. Les Bleus ont réalisé le plus grand exploit de l’histoire du basket français. C’est aussi simple que cela. Plus fort encore que les victoires contre l’Australie à Sydney en 2000, que le succès face à Serbie à Novi-Sad en 2005, ou bien encore que la victoire face à l’Espagne, déjà, l’été dernier en demi-finales de l’Euro slovène. Et ce en raison du contexte, de l’opposition et des forces à la disposition de Vincent Collet en Espagne pour la Coupe du monde. Mais surtout de la manière. L’Espagne n’a inscrit que 52 points. Une misère. «Je pensais qu'on pouvait les faire descendre sous les 70. 52 non, même dans mes rêves les plus fous, ce n'était pas possible», a avoué Vincent Collet. Et pourtant, ses joueurs l’ont fait. Ce n’est pas un rêve ! Ils ont réussi à casser le rythme des vice-champions olympiques, les empêcher de courir. Il suffit de revoir leurs précédents matches pour comprendre que c’est une réussite monumentale en soi. Et que dire que la domination des Bleus aux rebonds ? Ils en ont pris 22... de plus que leurs hôtes !
Un tableau sur mesure… pour la France
Rappelons que cette Roja était en mission, programmée pour jouer la finale, SA finale, contre les Etats-Unis le dimanche 14 septembre, à Madrid. En fait, le tableau avait même été dessiné pour cela : les équipes des groupes A (Espagne) et B ne pouvaient pas rencontrer celles des poules C (USA) et D avant la finale. C’était une première, une innovation dans l'organisation de nos voisins espagnols. Les dirigeants du basket français peuvent donc remercier leurs homologues ibériques : grâce à eux, les Bleus ne retrouveront Team USA que dimanche prochain, s’ils parviennent à écarter la Serbie vendredi, en demi-finales. Et ce ne sera pas simple…
En attendant, l’équipe d’Espagne avait tout d’une Dream Team, autour des frères Gasol, de Serge Ibaka, de Juan Carlos Navarro, de Rudy Fernandez… Elle était bâtie, dans le jeu, comme une équipe NBA classique, avec un très fort secteur intérieur et des extérieurs diaboliques pour profiter des fixations. Le tout avec un public tout acquis à sa cause et un esprit de revanche après la défaite contre la France, l’été dernier (72-75 ap) à l'Euro. C’était alors sans Pau Gasol, Navarro et Ibaka, rappelons-le. «Battre l'Espagne chez elle, avec leur cinq majeur de superstars, rend l'exploit encore plus grand», confirme Rudy Gobert, auteur d’une prestation XXL mercredi.
Personne n’y croyait, sauf les Bleus
Toujours est-il que Vincent Collet ne se privait pas pour dire, juste avant le coup d’envoi, qu’il n’avait jamais débuté un match lors duquel il y avait un si gros écart entre son équipe et ses adversaires. Un écart qui ne s’est pas franchement vu sur le parquet. Loin de là ! La blessure de Pau Gasol et l’aller-retour de son frère, Marc, à Barcelone pour la naissance de son enfant ne sont pas des facteurs à occulter. Mais ils n’enlèvent rien à la performance tricolore. Rien du tout. «J'ai un sentiment de fierté car on y a tous cru, assure Boris Diaw, le capitaine. Alors que peu, dans le monde, pensait cela possible. Nous, on en était persuadé et on a joué comme tel.» Sans jamais dévier de leur feuille de route, ni du discours de leur coach.
No Parker, no Noah, no problem
Si cette performance est si notable, c’est aussi en raison des forfaits qu’a dû déplorer Vincent Collet. Avec Tony Parker, Joakim Noah, Nando de Colo, Kevin Séraphin, Ian Mahinmi et autre Alexis Ajinça, l’équipe de France aurait abordé cette Coupe du monde avec plus d’ambitions encore. Finalement, elle s’est frayé un chemin pour le dernier carré sans eux ! C’est énorme. Une grande partie du mérite en revient à Vincent Collet, qui avait déjà réussi son pari avant France-Espagne. Avec cette victoire, il a fait encore mieux. Tellement mieux… Guider cette jeune équipe vers un si haut niveau de performance, amener ses joueurs à pratiquer une telle défense, leur donner assez de confiance pour ne pas craquer en fin de match dans ce contexte explosif, au plus haut niveau international… Tout le mérite lui en revient. Les Français n’ont pas non plus cédé face au duel physique de leurs hôtes. Ils ont répondu présent. C’est un chef d’œuvre. D’ailleurs, on pouvait se dire avant le match que l’un des seuls vrais avantages que la France avait sur l’Espagne pouvait se situer au niveau du coaching. Ça s’est avéré exact.
"Je pense qu'on ne pouvait pas mieux jouer"
— Evan Fournier
«On a montré notre caractère, note Evan Fournier, auteur d’un passage décisif dans le dernier quart. Je pense qu'on ne pouvait pas mieux jouer, à quelques détails près. Les Espagnols étaient à 88 points de moyenne et ils n'en mettent que 52. C'est incroyable ce qu'on a fait en défense. Je suis fier de mon équipe.» Comme toute la France du basket. «On a fait un exploit, confirme quant à lui Joffrey Lauvergne. Personne n'y croyait sauf nous, même si je peux le comprendre. Du coup, je n'en veux à personne. Dès le début du match, quand Boris et moi avons marqué à trois points, on a senti qu'ils commençaient à douter et qu'on était tous dedans. On est resté concentré 40 minutes, même si on a eu un peu peur au troisième quart-temps. Maintenant, on est trop proche du but, ce serait dommage de se relâcher.» Le but, c’est la médaille. Une victoire contre la Serbie, vendredi, et elle sera déjà en poche…